Comment définir une œuvre d'art ? Serait-ce un petit reflet de l’histoire dont l'observateur ressent toute l'émotion à travers les sujets représentés ? Il y existe pourtant quelques astuces afin de comprendre une peinture et toute la quintessence qu'elle inspire.

La naissance de Vénus de Botticelli

Prenons l'exemple de Botticelli (1445-1510) qui se servait de la technique de la détrempe (opposée à la peinture à l'huile qu'il n'utilisera jamais alors que cette dernière, importée de Flandre, est utilisée à Florence depuis 1475). 

Détrempe : technique picturale où les couleurs sont broyées à l'eau, puis délayées ou détrempées au moment de peindre avec, soit de la colle de peau tiède ou de la gomme. C'est le plus ancien procédé de peinture connu.

La peinture à la détrempe exige une préparation soignée et une très grande rapidité d'exécution. Il faut dissoudre les couleurs avec de l’eau en ajoutant un agglutinant comme de la colle (gomme, cire, ou du blanc d'œuf, ou du lait). Le support (mur, bois, toile…) doit être soigné et ne doit pas trop absorber. L’exécution exige une grande rapidité car les couleurs sèchent vite et ne peuvent être ni reprises ni superposées. Ce procédé peu souple fut progressivement abandonné au profit de la peinture à l’huile. Actuellement les décors de théâtre sont parfois peints à la détrempe.

Dans La naissance de Vénus de Botticelli, il est possible d’identifier chacun des personnages. Le modèle de la Vénus, Simonetta Vespucci était, selon les dires de l'époque, la plus belle des femmes. La Vénus au centre, est la déesse de l'amour dans la mythologie greco-romaine. Elle est douce et fragile avec ce port de la tête, et le basculement du bassin dans le sens contraire. Cet ensemble est un signe d'élégance antique. Le personnage ressemble à une statue et l'aspect de sa peau fait penser à du marbre. Sa posture se nomme « contrapposto », elle donne une silhouette souple et flatteuse, beaucoup plus élégante que si le personnage se tenait tout raide. Vénus est née de l'écume, et se positionne sur une coquille. Dans le récit mythologique, la coquille Saint-Jacques fut le premier abri de Vénus et de Cupidon. Pourquoi Saint-Jacques ? À cause du plus important pèlerinage au Moyen-Âge dont le but était le sanctuaire de Saint-Jacques-de-Compostelle. Les pèlerins ramassaient un coquillage, preuve qu'ils n'avaient pas renoncé en chemin.

Trois Grâces sont autour de Vénus. Flore à sa gauche (Déesse des Fleurs et des Jardins), a une robe brodée de fleurs. C'est la déesse du printemps, elle accueille Vénus sur le rivage en tenant dans ses mains une sorte de toge ouverte afin de couvrir Vénus, encore dénudée. Les personnages ont l'air « collés » sur le paysage. C'est l'effet provoqué par les contours accentués des personnages. Le corps ainsi circonscrit apparaît comme une prison pour l'esprit. Il l'enferme littéralement durant la vie. C'est doctrine est due aux philosophes néo-platoniciens, proches de la famille des Médicis qui employait Botticelli. La mélancolie de Vénus trouve là une explication : c'est uniquement par le regard que son esprit peut s'échapper du corps qui le retient...

À sa droite, Zéphyr lui soufflent dans la chevelure et pousse Vénus sur le rivage grâce au vent sortant de sa bouche. Cupidon porte Zéphyr, le dieu du Vent. Le récit mythologique dit que Cupidon tombe amoureux de Vénus, la déesse de l'Amour. Le sens du tableau apparaît un peu plus clairement. Le peintre symbolise la vision idyllique d’un paradis perdu. Il montre la crise que traversent le pouvoir papal et la politique des Médicis à l'époque.

Où sont ses parents ? Ils sont présents, mais pas sous la forme de personnages. Ils sont la mer et le ciel, or la Vénus vient de sortir de la mer et le vent agite la surface de l'eau en créant de petites vagues bordées d'une fine écume. Les vagues ne sont pas ressemblantes, car le paysage n'est pas le sujet principal du tableau. Le peintre s'est contenté d'indiquer la mer, les vaguelettes n'imitent pas la nature mais en signalent le mouvement. Botticelli était d'ailleurs tellement indifférent à la vraisemblance qu'il a peint des ajoncs qui ne poussent qu'au bord des lacs...

Il y a des roses qui volent autour de Vénus : elle en a toujours près d'elle car elles représentent l'amour et la beauté. Un buisson de roses aurait paraît-il, jailli du sol au moment où la déesse posa le pied pour la première fois sur la terre. C'est le printemps, il y a donc aussi des bleuets. Le mythe (qui reste toujours vert même en hiver) évoque l'immortalité.

Le format du tableau est un « rectangle d'or ». Le groupe des Vents : à gauche du tableau. Le personnage de la Grâce, à droite, occupent des « rectangles d'or » et plus précisément le long des diagonales de ceux-ci. Il est possible également de tracer deux cercles dont le diamètre correspond au côté de ces rectangles d'or. Le cercle de gauche renferme le groupe des Vents et Vénus, le cercle de droite Vénus et le personnage de la Grâce. Le Nombre d'Or apporte donc une clef à la composition de ce tableau

Le «rectangle d'or » : l'histoire de cette proportion commence à une période reculée de l'antiquité grecque. À la Renaissance, Luca Pacioli, un moine franciscain italien, la met à l'honneur dans un manuel de mathématiques et la surnomme divine proportion en l'associant à un idéal envoyé du ciel. Cette vision se développe et s'enrichit d'une dimension esthétique, principalement au cours des XIXe et XXe siècles où naissent les termes de section dorée et de nombre d'or.

Le nombre d'or se trouve parfois dans la nature ou des œuvres humaines, comme dans les étamines du tournesol ou dans certains monuments à l'exemple de ceux conçus par Le Corbusier. Il est aussi étudié comme une clé explicative du monde, particulièrement pour la beauté. Il est érigé en théorie esthétique et justifié par des arguments d'ordre scientifique ou mystique : omniprésence dans les sciences de la nature et de la vie, proportions du corps humain ou dans les arts comme la peinture, l'architecture ou la musique.

Voici quelques conseils pour analyser un tableau. "Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblé" (Maurice Denis  1870-1943). Le peintre cherche un équilibre essentiel à la réussite de son œuvre.

Quel est le sens produit par le tableau. Pourquoi une image peinte ? Erwin Panofsky : (1892-1968), spécialiste de la Renaissance, a défini trois niveaux d’interprétations. Les deux premiers niveaux sont des études descriptives. Ils permettent d’identifier l’objet de l’œuvre. Le troisième niveau est la symbolique.

En conclusion, pour apprécier un tableau il faut visiter une exposition. Il est inutile de disposer du savoir d’un érudit. Une sensibilité du regard aiguisée suffit. L’œuvre d’art est là devant vous. Elle ne montre pas au premier regard les intentions de l’artiste. L’objet de l’œuvre peut-être expliqué et ainsi le visiteur perçoit mieux le sens. La toile est ainsi offerte au spectateur. Un tableau n’a de sens que s’il est regardé. Marcel Duchamp : (1887-1968) disait que "Ce sont les regardeurs qui font le tableau". source : Wikipédia




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